Monica présidente de la BCE !
Par Jean-Christophe Duval
Tentons premièrement de comprendre les tenants et aboutissants de ce que nous enseigne cette
- Monica annule sa réservation et surtout, retire le billet sur lequel reposait toute une chaîne économique. Tout comptable aura compris que si Monica avait passé sa nuit à l’hôtel comme préalablement convenu et laissé le billet dans la caisse de l’hôtelier, tout se serait passé à merveille. Mais ce n’est pas ce qui s’est produit ! Monica a rompu sa « promesse d’achat » créant ainsi un « trou » dans la caisse de l’hôtelier. Pour « une seule fois 100 euros » (le billet de Monica qui a en fait, permis uniquement de solder la dette de l’hôtelier au pâtissier), ce dernier devra vendre une prestation à Henri le SDF sans que le chiffre d’affaires ne soit présent puisque Monica a repris le billet. Cependant, comme l’hôtelier s'est préalablement acquitté de sa dette vis-à-vis du pâtissier, les comptes s'équilibrent.
- Monica a donc engendré une bulle ! À la manière des subprimes, nous avons ici affaire à une personne qui n’honore pas sa promesse de payer sa dette ou annule sa promesse d'achat alors que d’autres acteurs ont compté sur ce « trade » pour réaliser d’autres opérations à rebours. Il y a forcément à un endroit un perdant dans l’affaire. Ici, c’est l’hôtelier.
- Maintenant, ce cas de figure est valable pour des chambres d’hôtels et que ces chambres d’hôtels ne soient pas limitées en nombre. Ici, l’hôtelier avait la certitude d’avoir au moins deux chambres disponibles à un même instant, une pour Monica et une pour Henri le SDF. Chose qui n’aurait pas été possible avec un nombre de chambres limité à une seule, ou tout autres produits limités en quantité. Comme dans le cas des marchés secondaires, il faut que l’un sorte pour qu’un autre puisse entrer.
- Ce billet, qu’il soit faux où pas (la croyance/confiance « fiat monnaie »), aura néanmoins permis de solder les dettes de différents acteurs : 1) L’hôtelier au pâtissier 2) Le pâtissier au charcutier 3) Le charcutier au charpentier. Nous aurions pu ajouter autant de personnes que nous voulions dans cette chaîne d’achats/ventes et de remboursement de dettes. Même 1000 si le chrono d’une journée avait pu le permettre ! On voit ici que le lancement d’un seul billet est capable d’engendrer toute une chaîne d’affaires ou de règlements de dettes à condition que ce billet continue de "tourner" dans le circuit économique et qu'il ne se cache pas dans les paradis fiscaux, épargnes et autres bas de laine. C’est ce que l’on appelle la « vitesse de la monnaie » ( Le fameux PT=MV d’Irving Fischer) que nous verrons plus tard.
- Comprenons par ailleurs, qu’un seul billet est capable, de par sa vitesse de rotation et dans la mesure où ces actes sont enregistrés en comptabilité générale, de générer bien plus de TVA que sa propre valeur nominale. Ce qui implique ceci : Nécessairement, il faudra que d’autres acteurs économiques émettent d’autres emprunts et génèrent d’autres créations de richesses, dans une sorte de grande et complexe « émulation monétaire de production », de sorte que les acteurs économiques s’acquittent de ces « tours de TVA », ainsi que l’usure bancaire. Les dettes nouvellement contractées des uns feront le chiffre d'affaires des autres permettant à ces derniers de solder leurs dettes plus anciennes. C’est donc bien cette émission de monnaie dette accompagnée d'une obligation usurière et fiscale qui contraint l’action des hommes à un productivisme extractif. Il faut extraire, transformer et commercer des ressources naturelles pour rembourser à des banques (usure) et à l’état (fiscalité), le tarif de nos réussites socio-économiques. Nous prenons à la nature sans jamais n'envisager de contrepartie lui permettant de se régénérer.
- Notons que la dette entre le charcutier au charpentier n’était pas enregistrée en comptabilité, ce qui a permis à Gaston le généreux charpentier de faire sortir ce billet de l’économie marchande à un moment (le don à Henri le SDF), pour que Henri le relance dans l’économie marchande en commandant une chambre à l’Hôtel. La seule conséquence de cette opération "au black" est que l'état n'a pas perçu de cet échange "sa part" de fiscalité, (Impôt et TVA).
- Nous voyons ici que tout projet social (dépenses improductives) n’est pas nécessairement perdu, car il permet une relance keynésienne sur l’économie marchande. Un peu comme si la demande publique (secteurs « improductifs ») relance l’offre privée (secteurs productifs). Comprenons qu’un acteur « improductif » permit de relancer le secteur productif sans pour autant que le billet ne soit perdu (Les actes se réalisent mais la monnaie demeure). On devrait s’inspirer de cela pour le financement de la transition écologique.
- Théoriquement, cette donation « au black » a permis à ce billet de réaliser une transaction (marchande ou non) sans enregistrement légal et donc, sans captation fiscale (TVA, impôts, etc) tout en faisant quelque chose de socialement utile. C’est ce mécanisme, qui relève plus de la politique fiscale que de la technique comptable, qui engendre le blocage. Nous ne pouvons pas tout nous permettre à cause des règles fiscales et comptables que nous nous sommes fixés et en vertu d’une certaine idée de « l’aléa moral ». Mais à chaque époque ses règles (politique budgétaire), et nécessités (transition écologique) font loi !
- Imaginons maintenant que notre jolie Monica était une professionnelle du sexe qui annonçait au bar qu’elle vendait ses charmes pour la modique somme de 100 Euros la passe. Imaginez un peu la bagarre entre la brochette de mâles testostéronés accoudés au bar : « Il est où le billet ?! ». Vous souriez ? Pourtant c’est un peu ce qui se passe avec les paradis fiscaux. La monnaie sort (au black) sous la forme d’argent « gris » ou « noir » (prostitution, drogue, trafics, fourmis japonaises, blanchisseries de casino, etc.) vers des destinations off shores, confisquant ainsi à la société le carburant (la monnaie) de son injecteur (système monétaire), bloquant le moteur (économie) et faussant ainsi toute la donne entre inflation et reprise. Ce qui me fait dire que dans un monde où les paradis fiscaux mènent la danse, croire en la solidité de la théorie quantitative c'est comme vouloir bâtir un gratte-ciel dans une zone de marécages et de sables mouvants.
- Par analogie, là où des banques centrales créent de liquidités par les QE (Quantitative Easing) dans l’espoir illusoire de relancer l’économie, elles ne font qu’injecter de la monnaie aux mauvais endroits, au mauvais moment, et de la mauvaise façon. Un peu comme si l’on cherchait à mettre de l’essence (monnaie) dans un moteur (économie) en loupant le trou du réservoir (projets) et en renversant toute l’essence par terre (paradis fiscaux et autres CBO et CBO²), rendant ainsi l’utilisation de ce carburant absolument stérile (Crises et bulles).
- Les banques subissent une perte de confiance. Méfiantes dans un futur incertain, elles préfèrent limiter le risque créant ainsi un « principe auto réalisateur » : « J’ai peur que ça pète, alors je ne prête pas ; et justement ça va péter parce que plus personne ne prête par peur que ça pète ». Mais pour prêter faudrait-il encore que l’économie soit relancée par quelque chose de radicalement nouveau et créant un élan soudain de confiance. C’est précisément ce dont manque l’économie de notre époque sous l’égide d’un dilemme mêlant « une crise de l’utilité », « la fin de l’innovation » et l’ombre du changement climatique et autres dégradations écologique et animales, précisément provoqués par le consumero-productivisme. Par ailleurs, une question qui serait pertinente à se poser est « Que se passerait-il si soudainement, toutes ces sommes cachées dans les paradis fiscaux resurgissaient brutalement dans l’économie réelle ? » Hyperinflation sans doutes ? Ah ! Cette « main invisible » ! Elle nous étonnera toujours.
Maintenant faisons une extrapolation de cette fable de la dame de Condé et partons du principe que Monica ait pris du galon et qu’elle soit soudainement devenue la présidente de la banque centrale européenne. Quant à Christine ? Monica ne « Lagarde » pas. (Jeu de mots à la con, certes).
« 7 » ainsi ! (Fffffioouuu ! J-C des fois, t’es lourd !)
Faisons un jeu en reprenant les acteurs de la fable et en les repositionnant à des postes clés.
- Monica devient la présidente de la BCE, elle est en charge de la maîtrise de l’inflation à l’aide d’outils tels que : 1) Le contrôle des taux directeurs. 2) Le contrôle des taux de réserves obligatoires, ainsi que 3) de l’émission de monnaie centrale qui sert de base monétaire.
- Gaston le charpentier devient un organisme international dont la prérogative est de créer une monnaie non-dette. Son rôle est d’une certaine manière de « Créer du chiffre d’affaires à un endroit où la production de marchandises n’existe pas », à destination de projets qui habituellement « coûtent et ne rapportent pas » (domaines improductifs) et sans que ces investissements ne coûtent à qui que ce soit (extraction pour dette) et ne soit dans l’obligation d’être des investissements productifs (spéculation, rente, obligations, épargne). Autrement dit, personne n’aura à perdre cet argent s’il est dépensé dans des projets « à fonds perdus ». Cependant, comme « les projets se réalisent mais que la monnaie demeure », cette monnaie permettra de relancer l’économie marchande qui y verra un chiffre d’affaires provenant de domaines non-marchands. Du chiffre d'affaires sans marchandises ? La théorie quantitative semble nous dire que c'est un péché ! Gaston aura le pouvoir de battre monnaie à un endroit où elle est réellement neutre, car elle n’est soumise à l’intérêt de nul particulier qui la possède (Selon ma théorie, la monnaie perd automatiquement sa prétendue neutralité, dès lors qu’elle devient la propriété de quelqu’un (particulier) ou de quelque chose (institution ou entreprise) dans soit : « La préférence pour la liquidité » (Keynes) ou « La découverte du prix » (Von Mises)) :
- à ce stade de création, cette monnaie n’est encore la propriété de personne. Cela implique le fait que personne n’aura à la perdre « à fonds perdus » dans « des projets qui coûtent et ne rapportent pas ».
- En déduction du premier point, cette monnaie n’est pas de l’épargne, donc elle n’est soumise à aucune obligation de retour sur investissement, ni effet spéculatif.
- Elle ne coûte rien à produire (planche à billets).
- Donc, elle ne peut avoir de valeur intrinsèque (comme l’or ou le bitcoin) mais qu’une valeur symbolique, juridique et politique. C’est donc une « Fiat monnaie ».
- Henri le SDF devient les projets financièrement improductifs où la marchandise (et donc le chiffre d’affaires) n’existe pas. Sa fonction est de réaliser des projets irréalisables dans le cadre d’une finance rentière, spéculative et court-termiste, tels que la transition écologique, sociale, humanitaire, ou encore la réparation, la création, l'entretient des infrastructures publiques, routières et les ponts (qui parfois s’effondrent), les infrastructures publiques. La régénérescence de la nature et la dépollution des océans. La réparation du patrimoine historique et culturel. Les secteurs publics, scolaires, sociaux. Et pourquoi pas soyons fous, la sécurité sociale et toutes autre choses déconnectant l’humain du consuméro-productivisme irrationnel faisant les beaux jours du capitalisme néolibéral (et l'Enfer pour les autres).
- Tous les autres tels que le charcutier et le pâtissier sont des acteurs habituels de l’économie marchande. Ils verront la belle occasion de cette « nouvelle sorte de chiffre d’affaires » déconnecté du prélèvement de ressources naturelles, de relancer l’économie marchande, par ruissellement. Tout en créant des règles économistes nouvelles : nous devons dorénavant imaginer une économie permettant une symbiose et une durabilité entre les hommes et la nature. Nous devrons limiter l’extraction à des besoins réels et concrets. Et toutes les professions éliminées ou transformées (par "destruction créatrice"), par ce nouvel enjeu climatique, devront changer de méthode et s’orienter vers des logiques symbiotiques et régénérescences. Elles seront pour cela financées par la bienveillance de Gaston (aides et subventions non-dette) et de Fabien (investissement dettes). Le but étant d'atteindre une situation à l'équilibre.
- Ajoutons « Fabien » qui est une banque commerciale. Son rôle est celui que nous connaissons déjà. À savoir : émission de « monnaie dette » à destination de projets essentiellement rentables. En matière de taux directeurs, les banques commerciales seront néanmoins soumises à des règles contraignantes ou motivantes en fonction de la nature verte ou brune des projets. Taux motivants pour les projets verts, taux contraignants pour les projets bruns.
Monica et Gaston disposent du droit de battre de la « fiat monnaie » pour des projets écologiques sociaux et humanitaires (du chiffre d'affaires à un endroit où la production de marchandises n'existe pas). Ils ont le pouvoir de faire prendre à cette monnaie le « chemin » qu’ils ont envie. Imaginons que Monica et Gaston décident de donner des billets à des « Henri SDF » (secteurs improductifs). Elle en aurait tout le pouvoir, un peu à la façon « hélicoptère monétaire » de Friedman. Mais, n’y aurait-il plus pertinent à faire réaliser à ce pouvoir de création monétaire ?
Réfléchissons. Nous avons des millions de demandeurs d’emploi qui rêveraient de retrouver fierté et dignité dans une activité d’utilité réelle. Nous avons les 80 000 milliards de dollars (oui, vous avez bien lu !) pour la transition écologique, humanitaire et sociale à financer. Nous avons des infrastructures routières, des routes, des ponts (qui s’effondrent), des ports, des monuments historiques à réparer. Nous avons la nature à régénérer, à protéger, les océans à dépolluer ! Nous avons la planète entière à réparer ! C’est la mission de notre génération : livrer une planète viable et durable aux générations futures ! Et trouver une solution économique pour cela !
Nous avons tellement de jolies choses à faire dans des domaines sociaux, humanitaires, d’entraide, de coopération et de bienveillance. Il faut bien comprendre que ces domaines ne sauraient être pris en compte par la finance classique dans la mesure où ces domaines sont dénués de retour sur investissement (secteurs financièrement improductifs).
Au contraire, dans la logique libérale, tout doit être privatisé de façon à ce que les marchés soient le plus possible dénués d’entraves étatiques et nuisant à sa bonne fluidité. Et ce aussi, dans l’objectif de faire des domaines improductifs des choses les moins coûteuses possible et que le privilège de pouvoir être en bonne santé ne soit réservé qu’à ceux qui en ont gagné les moyens en polluant la planète avec du productivisme extractif.
Oui ! Je le répète pour ceux qui n’ont pas compris, cela veut dire que ceux qui auront le droit de se soigner dans l'univers enchanté du néolibéralisme, et où l’État providence et la Sécurité Sociale n’existent plus, ne seront que ceux qui se seront enrichit préalablement dans des activités extractives, nuisibles et polluantes ! La bienveillance ne rapporte pas, elle coûte, l’extraction rapporte un max, mais elle est nuisible ! Drôle de façon d’envisager l’utilité et le mérite que selon des critères « micro-économistes ».
Quelle est donc cette malédiction qui nous interdit de faire ces choses ? Alors qu’elles sont à faire urgemment et que nous avons des hommes disponibles pour les faire ? La finance ! Car notre système financier est incomplet, il n’est que rentier, spéculatif et court-termiste, il est incapable de la prise en charge dans des projets de très longs termes et de bien commun !
La confiance étant relancée dans ce Green New Deal, les banques commerciales (Fabien) débloquent plus facilement de la monnaie dette pour des projets qui autrefois nécessitaient le prélèvement de ressources naturelles (extraction) transformées en marchandises (production) puis en chiffre d’affaires (commerce) pour être rentables. L'objet de la rentabilité est de rembourser la dette de banque. Ici point de tout cela ! La rentabilité ne provient que du fait de réparer la nature et de mériter un chiffre d’affaires (créé ex nihilo par Gaston) pour cela. Créant de cette manière, de nouvelles sortes d’entreprises, de marchés, de professions, de vocation dont la raison n’est pas de produire pour gagner, mais de réparer pour gagner.
Comprenons que si Gaston émettait lui aussi une monnaie dette, cela reviendrait à devoir creuser un trou pour en combler un autre (Le mythe de Sisyphe de la dette) ! Ici, comme l'argent n'est que le moyen endogène de faire réaliser des projets, nous pouvons parfaitement en créer, tout en décidant de lui faire faire des choses qui seront politiquement décidées, et qui permettront de financer la transition écologique tout en relançant une nouvelle forme d'économie. Une économie où la monnaie n'est plus nécessairement la condition de la production de marchandises, mais au contraire, le moyen de réparer les dégâts de l'extraction.
Nous créons ici une nouvelle sorte d’économie, ainsi qu’un un système monétaire inédit et absolument déconnecté de la production de marchandise (extraction) mais dont la raison d’être sera de réparer le monde, la nature et les hommes, là où le consuméro productivisme ne pouvait que les terrasser.
Grâce à la création de cette monnaie "non-dette", nous créons d'une certaine manière du chiffre d'affaire à un endroit où la production de marchandises n'existe pas. En réalisant du même coup 3 choses:
- La transition écologique sans que cela n'en coûte à personne
- La relance de l'économie grâce aux nouveaux "marchés" de la régénérescence écologique et sociale
- D'alléger et de rendre plus soutenables les dettes privées et publiques par les "effets dominos" des marchés ainsi relancés (effet de ruissellement).
En effet, cette relance de monnaie pourra en même temps rembourser les dettes actuelles. Nous pouvons constater qu’actuellement nous avons beaucoup plus de crédits (dettes publiques et privées) en cours, que ce que l’économie « habituelle » ne saura produire pour les rembourser, ce qui engendre une Bulle. De plus, si nous envisagions de rembourser ces dettes par les méthodes extractives et productivistes habituelles, cela reviendrait à détruire le monde à un moment crucial où nous devons le sauver en nous désengageant des logiques extractives et dégénérescentes.
L’idée est donc bien de créer du chiffre d’affaires à un endroit où la marchandise n’existe pas. De réparer le monde avec une monnaie déconnectée de la marchandise, plutôt que de produire plus encore de la marchandise dans le but d’en tirer quelques faibles moyens (impôts) qui seront insuffisants et qui, dans un monde ordonné par des péripéties de paradis fiscaux, nous entraînant dans des cycles économiques chronophages et dans l'illusion de croire qu’on puisse réparer le monde par le biais des méthodes qui le détruisent.
Nous devons comprendre qu'il est impossible de sortir du piège consumero-productiviste avec un système monétaire qui oblige l'action humaine au consumero-productivisme.
FIN
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