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La crise de l'utilité
Le nouveau livre de
Jean-Christophe Duval
Quelle est cette alchimie qui nous oblige à faire des choses que nous ne devrions plus faire et nous empêche de faire des choses que nous devrions faire ?
Nous devons faire la transition écologique et sociale, réduire notre temps de travail, et ne consacrer nos efforts que vers des domaines socialement et écologiquement utiles, mais nous semblons pétrifiés par l’éventualité d’un système socio-économique inconnu. Comment pourrions-nous organiser nos vies et la structure sociale si l'emploi disparaissait ou se réduisait drastiquement en nombre de places ?
Pourtant, nous devons impérativement cesser de produire des choses polluantes, mais nous semblons être coincés avec le fait que si nous faisions cela, si nous mettions un frein au consuméro-productivisme, nous serions soudainement désemparés car, habitués à un monde où « faire quelque chose de sa vie », s’assumer économiquement dans des activités marchandes et rentables, semble êtres devenues des normes incontournables.
Le but de ce livre est de faire prendre conscience qu’une grande partie de ce que nous nous forçons à faire n’a aucune utilité réelle ni aucune raison d’être fondamentale, sauf de donner du labeur, des responsabilités et des distinctions sociales à des individus qui semblent ne devoir leur salut qu’au travers de leurs professions.
Le travail est ainsi devenu l'objectif central de l’organisation humaine. Le ciment de nos structures sociales et culturelles. Il est le point de convergence de tous nos processus d’appartenance, d’acceptation, de gratifications, de reconnaissances, d'honneur, de dignité, de réputation, de distinctions sociales et de beaucoup d’autres choses.
Dans notre société, qui a érigé le travail en une sorte de vérité morale et a adossé le mérite sur la comptabilité du « plus faisant », on rencontre souvent des individus dont le destin social n’est que « faire pour faire », produire pour produire, même si rien de pertinent n’est à faire ou à produire. Dans cette ambiance où l’action humaine est conditionnée par la rentabilité financière, on se pousse souvent à la « bullshit innovation », à la création d’« activités d’utilité artificielle », car ce sont ces domaines, souvent bullshit et polluants, qui feront réussir les hommes tout en satisfaisant des critères financiers.
Sur le plan individuel, le but de nos activités n'est pas tant de produire des choses vraiment utiles à la société que d’obtenir approbations et gratifications de sa part pour avoir fait quelque chose qui nous permet de nous assumer économiquement. Nous attachons plus d'importance à l'action pour l'action, en la superficialité de l'acte, qu'en la pertinence et l'utilité réelle de ce que nous produisons. Nous nous poussons à faire de l'inutile pour nous proclamer utiles et responsables au regard de notre monde.
Dans un monde parfait, il n'y a rien à vendre, rien à faire et c'est un vrai problème pour l'homo œconomicus en quette permanente d'utilité et de rentabilité. A force d'avoir tout fait, à force d'avoir tout conquis, tout acquis, tout produit, toujours plus vite dans le culte de la performance, rien ne reste aux "nouveaux entrants", à part la "bullshit novation" . Les activités d'utilité artificielle, les bullshit causes, Le stratagème inconscient sera de créer de faux problèmes pour faire perdurer le commerce des solutions.
En définitive, nous ne sommes que des bluffeurs, nous passons nos vies à inventer du bluff pour continuer de bluffer et de gagner nos galons d'homo œconomicus respectables, solides et méritants. Avec toute la pollution que cela engendre, la planète avait-elle besoin de cela ?
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Luca de Paris (mercredi, 30 décembre 2020 23:16)
N'est pas mentionné le fondement de ce système : la création monétaire avec intérêts, qui impose d'avoir une croissance du PIB pour se maintenir.
Elle est difficile à combattre, car peu de gens en sont conscients (cf le référendum suisse de juin 2018 sur la monnaie pleine), que ceux qui ont le pouvoir l'ont par ce système, qu'il faut pour le démanteler parvenir à un vaste rassemblement démocratique.
Ensuite, sur les deux derniers paragraphes, est invoqué "un monde parfait" sans monnaie, où il n'y aurait "rien à faire" (comme les humains dans Wall-E?) : que serait son monde parfait? Nous ne sommes plus dans des petites tribus, mais dans deux vastes sociétés avec des échanges entre milliards d'humains, et il faut bien compter des de chacun dans leur contribution.