Par Jean-Christophe Duval
Le dilemme
Ce n'est pas avec les méthodes actuelles que nous parviendrons à financer la transition écologique ! Bien au contraire, ce système ne peut que nous enfoncer encore plus, nous l'avons bien vu avec l'échec de la COP 25 ! Nous devons dorénavant aller plus loin dans le raisonnement et être plus radical dans nos méthodes !
Nous ne parviendrons pas à nous défaire du piège matérialiste avec un système monétaire poussant l’action humaine au matérialisme !
Tant que nous resterons sous l’égide d’un système où la monnaie demeure conditionnelle à la production de marchandises, les hommes s’obligeront à piller et à détruire la nature pour justifier leurs réussites économiques.
Or, c’est de tout autre chose dont les hommes et la nature ont besoin dorénavant ! Nous devons réparer, régénérer la nature plutôt que de la détruire encore plus dans des logiques de surexploitation de l'excédent !
Notre dilemme prend sa source depuis les caractéristiques de notre système monétaire. Une monnaie prêtée par une banque est une dette qui doit forcément être remboursée, ce qui oblige les emprunteurs à des activités nécessairement rentables. Ces activités engendreront ainsi de la croissance économique permettant de solder ces dettes. Mais cette croissance ne peut provenir que par la transformation de ressources naturelles en marchandises puis en chiffre d’affaires. C’est ce chiffre d’affaires qui permettra aux acteurs économiques de rembourser leurs dettes.
Vous pouvez toujours prétendre que vous travaillez dans un secteur tertiaire et éloigné de l'extraction, comprenez bien que votre profession est posée sur une chaîne dont le premier maillon est l'extraction. Si en amont de tout, l'extraction n'existe pas, alors cette chaîne n'existe pas, et votre profession n'existe pas non plus ! No one is innocent !
Un début de piste ?
L'objectif ici est de créer un équilibre judicieux et durable entre l'extraction et la régénérescence. Le tout en libérant les hommes d'une servitude productiviste absurde et en réduisant le poids nos dettes souveraines et privées. Nous devons relancer une nouvelle sorte d'économie, une économie qui ne tire pas sa raison depuis l'extraction, mais depuis la régénérescence.
Imaginons pour cela qu'un organisme dédié à cet effet diffuserait une monnaie qui ne soit pas une dette, alors l'extraction ne serait pas obligatoire puisque le critère de rentabilité ne l'est pas ! Cette monnaie permettrait de réaliser des activités dites « improductives », financièrement «intangibles » et ce, sans qu’il n’en coûte à personne ou par le gonflement de la dette souveraine. Cette monnaie d'un nouveau genre permettrait très certainement de réaliser la transition écologique et la régénérescence de la nature.
Imaginons que cet organisme fournisse à des entreprises spécialisées dans la régénérescence environnementale un chiffre d’affaires pour leurs « bonnes œuvres ». Ce serait comme si nous créions du chiffre d’affaires à un endroit où la marchandise n’existe pas. Un chiffre d’affaires pour réaliser des choses pas rentables car déconnectées de la marchandise et de l'intérêt financier. Nous donnons ici de la valeur à des choses qui habituellement n'en disposent pas. Cette monnaie ne serait pas perdue puisqu'elle voyagerait ensuite vers les domaines marchands et productifs, générant ainsi une relance keynésienne.
En inversant le sens de « l’interrupteur monétaire », les actifs intangibles deviennent soudainement des actifs tangibles. Une monnaie non-dette permettrait ici de relancer la machine économique, tout en résolvant le dilemme de la transition écologique, humanitaire et sociale. Cette nouvelle manne de chiffre d’affaires, cette nouvelle sorte de croissance permettrait du même coup d'alléger les dettes privées et souveraines qui plombent nos économies et obligent les hommes à détruire le monde (économie extractive) pour rembourser leurs dettes à des banques.
De surcroît, les choses qui sont habituellement financées par l’impôt n’en ont plus besoin, puisqu' elles sont directement financées « en amont de tout », par cette création monétaire ex nihilo.
À une heure où bon nombre d’économistes de toutes tendances s’accordent à dire que nous devons inventer quelque chose de radicalement nouveau, je propose cette solution. Car si nous persévérons dans notre modèle économique actuel, nous ne ferons que détruire notre monde pour justifier nos créations de richesses. Nous devons inventer une nouvelle sorte de richesse, une nouvelle sorte de croissance. Une croissance qui tirerait sa raison depuis la régénérescence de la nature, de l'humain et de la société.
Bien entendu, cette piste est à découvrir, à augmenter, à modeler. Sur ce chemin, plusieurs cerveaux fonctionneront mieux qu'un seul. C'est avec la participation d'un grand nombre de gens, d'intelligences et d'idées que nous parviendrons à un concept intellectuellement et théoriquement solide.
Bienvenue à toutes les bonnes volontés dans cette grande aventure.
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